L’Université des Grands Lacs (UGL) concrétise progressivement ses rêves sur l’entrepreneuriat
Mgr Herménégilde NDORICIMPA, au milieu; bénit ceux qui vont démarrer leurs projets (Photo Firmin NININAHAZWE)
« Toucher, essayer, réussir, peut-être échouer mais recommencer! ». Ces mots de Monseigneur Herménégilde NDORICIMPA, Recteur de l’Université des Grands Lacs, retentissent avec une sonorité réveillante aux oreilles des étudiants, ce 18 décembre au campus NGAGARA. Ces derniers, les visages concentrés, attendent la proclamation des projets qui vont être financés par cette maison de formation. Les candidats ont présenté depuis quelques semaines quatre vingt quatre projets au total. Neuf sont retenus au final.
Cette journée organisée autour de l’entrepreneuriat se révèle comme un aboutissement d’une longue marche. L’université organise des réunions avec les enseignants. Elle invite des spécialistes pour animer des conférences sur la pédagogie universitaire. Elle vise l’objectif de faire des enseignements basés sur des cas concrets et donner des compétences pratiques aux étudiants. Elle réorganise le cours d’entrepreneuriat. Ce dernier s’apprend désormais en trois étapes. La partie théorique des premières devrant atterrir sur le montage d’un bon projet bancable à la fin de la dernière année. « Nous venons de lancer un projet qui nous tient à cœur : financer des projets d’entrepreneuriat montés par nos étudiants», lance alors, Monseigneur Herménégilde, avec satisfaction.
Relever un défi
Cet Ecclésiastique Recteur rappelle le constat amer du staff de l’UGL qui l’oblige à réagir : le chômage des jeunes de plus en plus grandissant. « Nous ne pouvons pas accepter de former pour la rue, nous ne pouvons pas observer les bras croisés le désespoir et le découragement des jeunes chômeurs diplômés », martèle-il. Le sacrifice de disponibiliser plus de 40 000 000 de francs burundais, sur le budget déjà serré, pour financer les projets retenus a été consenti par tout le staff à l’unisson.
Il est conscient que le geste est modeste au regard de la taille des besoins. « Mais, nous travaillons pour que cette initiative de notre université suscite une synergie de bien faire. Notre souhait est que tous les acteurs unissent leurs forces pour relever ce défi combien lourd », insiste Monseigneur le Recteur. Les étudiants figurent parmi ces acteurs. L’université leur demande de savoir travailler en équipe. Les projets ainsi financés sont ceux des groupements et non des projets individuels. Des groupements qui s’engagent à une grande responsabilité.
Le devoir de réussir
L’université des Grands Lacs prépare avec soin la réussite de cette initiative. Elle nomme une commission de sélection méticuleusement pensée. Le président, Monsieur Tharcisse NDAYIZEYE, Consultant de l’UGL, énumère avec un ton pondéré les critères établis avec grand attention : être lauréat de l’UGL, être en association d’au moins dix personnes, un projet réaliste et exécutable dans le temps, un projet innovant, montrer le marché d’écoulement du produit, démontrer la capacité de remboursement. «Ces critères nous ont permis de nous convaincre que les projets financés vont réussir. Un suivi rigoureux qui passe par des entretiens réguliers avec les bénéficiaires et va jusqu’aux visites sur terrain de leur exécution nous permettra de redresser la situation à temps si un problème survient » conclue le Président de la commission de sélection. Il mentionne que les équipes sont constituées par les étudiants, les lauréats de l’UGL, les enseignants et les administratifs. Avec cette approche, le lien entre les uns et les autres est sauvegardée, mais aussi, toutes les expériences entrent en action.
Cette réussite revient fréquemment dans la bouche du Recteur. Il précise que les premiers groupements doivent garder à l’esprit qu’ils sont considérés comme des laboratoires. « Vous avez le devoir de réussir pour ne pas décourager. Vos remboursements vont financer les futurs projets qui seront présentés par vos camarades. Sachez surtout que votre réussite sera notre satisfaction, notre fierté et notre propre réussite » lance-t-il aux équipes déjà prêtes à mettre la main dans la pâte. Il note, au final, que ces modestes prêts sont une bonne préparation de ceux qui contracteront des crédits plus importants auprès des banques. Un petit pas dans le combat contre le chômage, mais sûrement un grand pas pour la conscientisation à l’entrepreneuriat.
Abbé Emmanuel NKURUNZIZA